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[Cinéma Gay] Mon avis sur le film À Cause d’Un Garçon

Nouvelle chronique sur le cinéma gay, consacrée cette fois à un film français, À Cause d’Un Garçon.

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Titre original : À Cause d’Un Garçon
Date de sortie France : 13 Mars 2002
Réalisé par : Fabrice Cazeneuve
Avec : Julien Baumgartner, Julia Maraval, Jérémie Elkaïm, François Comar
Nationalité(s) : Français
Genre(s) : Romance, Drame
Durée : 1h26

Synopsis : Vincent a 17 ans et est un jeune homme sans problèmes : bon élève, discret, sportif et beau, il sort avec une jeune fille que tous convoitaient. Mais Vincent vit dans le mensonge depuis longtemps. En réalité, Vincent aime les garçons et surtout Benjamin, un nouvel élève bien mystérieux. Un jour Vincent découvre un graphiti sur un mur du lycée le traitant de  » pédé « . Son homosexualité est alors dévoilée au grand jour et sa vie est profondément bouleversée …

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Mon avis : À lire le synopsis du film, on pourrait penser qu’À Cause d’Un Garçon est à nouveau un film traitant d’une romance entre deux garçons, ici Vincent et Benjamin. Mais au moment de visionner le long-métrage, on comprend que les choses sont assez différentes.

On nous présente donc Vincent, champion de natation et bon élément du lycée où il étudie. Il sort avec la jolie Noémie. Néanmoins on découvre assez rapidement au début du film que Vincent a une liaison secrète avec un personnage gay nommé Bruno. Au début, on ne sait pas trop ce qu’il en est clairement de la sexualité de Vincent : est-il homo, bi ou essaie-t-il simplement de satisfaire une curiosité naturelle que nous éprouvons tous envers l’autre sexe à l’adolescence ? (bien que certains vous le nieront toujours, par crainte ou pour ne pas blesser leur égo). En effet, qu’on soit gay, bi ou hétéro, qui ne s’est jamais demandé « comment c’est avec l’autre ? devrais-je essayer ? ». Certains franchissent le pas pour tester, pour d’autres cela permet de conforter une position déjà existence et finalement pour le reste, cela ne reste qu’un fantasme qui ne sera jamais réalisé et parfois oublié ensuite.

Le spectateur en reste donc là, et on apprécie la relation mignonne et sympathique entre Vincent et Noémie. Jusqu’à ce que déboule un nouveau personnage assez énigmatique, Benjamin, qui ne va pas laisser indifférent Vincent. Ce parasite qui va s’immiscer dans l’histoire va faire tourner la tête à notre pauvre Vincent qui de fil en aiguille va être amené à se poser de nombreuses questions, et également à avouer ses attirances, qu’il cachait ici à tous, que ce soit à ses parents ou à Noémie.

Et c’est cela le point fort du film : plus que de traiter la relation amoureuse entre Vincent et Benjamin, qui soit-dit au passant est quasiment inexistante (nous y reviendrons plus tard), le film met beaucoup plus en avant l’acte du coming-out, les difficultés rencontrées lors de ce passage obligé, que ce soit tôt ou tard, pour toutes les personnes homosexuelles. Vincent doit ainsi faire face aux nombreuses questions de ses parents, qui se demandent ce qui a bien pu se passer pour en arriver là, ainsi qu’à la perte de confiance de sa petite amie Noémie, qui l’accuse de ne pas lui avoir dit la vérité au préalable (cela aurait-il changé quelque chose ?). Bien évidemment, cela ne se passe pas que dans le cercle privé, car hélas pour Vincent, le bruit et les rumeurs vont également se répandre comme une traînée de poudre dans le lycée suite à un graffiti apposé sur un des murs du lycée, accusant Vincent d’être un « pédé ».  Vincent va donc être tiraillé de toute part, y compris dans son équipe de natation où règne une homophobie latente. C’est donc vraiment beaucoup plus sur cet aspect que s’arrête ce film, le fait d’avoir à affronter l’agora une fois que nous sommes percés à jour, plus que sur la relation du personnage principal avec le nouveau du lycée.

Car en effet, si vous espériez voir un film romantique entre Vincent et Benjamin, c’est râté, et c’est à mon sens le point faible du film : le long-métrage passe tant de temps à explorer la problématique du coming-out que le traitement de la relation entre les deux personnages est totalement mise de côté. Il n’y ainsi pas de véritable construction amoureuse entre Vincent et Benjamin, seulement quelques scènes assez éparses où l’on sent tout de même une certaine tension monter. C’est à peine si nous les voyons s’embrasser.

Les seconds rôles sont intéressants, à l’instar de Stéphane, le meilleur ami de Vincent, qui sera un soutient sans faille pour ce dernier, l’un des seuls au début d’ailleurs. Noémie joue une petite amie convaincante, qui aura forcément aussi beaucoup de mal à accepter les choses au début, mais cherchera tout de même à comprendre ce qui anime Vincent. Quant à Benjamin, alias Jérémie Elkaïm, il est bien connu dans le cinéma LGBT pour avoir joué notamment dans Presque Rien aux côtés de Stéphane Rideau.

Au niveau de la mise en scène, elle est assez douce et classique, avec beaucoup de plans assez longs. Elle manque peut-être un peu de punch, à l’instar de certains dialogue un peu pompeux pour des adolescents lycéens. La musique est très en retrait et ne prend pas le pas sur l’image.

Il y a une chose qui a retenu mon attention durant le film, c’est l’utilisation récurrente du mot « pédé ». Il faut savoir que ce film date de 2002, et a donc près de 13 ans. À l’époque, le mot gay n’était pas si répandu en France, et ne faisait pas encore parti du vocabulaire courant pour désigner une personne homosexuelle par un terme plus court et généraliste. Le mot « pédé » était donc largement utilisé, avec la connotation très négative, encore plus qu’à l’époque, qu’on lui connaît aujourd’hui. Il est très rare désormais de voir une personne gay s’auto-qualifier de « pédé », car cela tient plus de l’insulte homophobe, qui a d’ailleurs connu une banalisation désolante vers la fin des années 2000 (certaines personnes utilisaient alors, ou utilisent toujours, l’expression « ça c’est pas un(e) *** de pédé » pour désigner un objet ou une chose (« ça c’est pas une caisse de pédé » par exemple), comme si l’adjectif « pédé » était quelque chose de piètre qualité, bas de gamme ou minuscule, assimilant ainsi toute une catégorie de personnes par ces désignations homophobes.

Pour conclure, À Cause d’Un Garçon est à mon sens un bon film LGBT, qui explore un aspect pas toujours mis en avant dans ce type de films, à savoir le coming-out et les conséquences qu’il implique. C’est une autre vision des choses, et cela permet au spectateur non-initié de se rendre compte des nombreuses difficultés auxquelles peut faire face un adolescent homo qui doit tout avouer du jour au lendemain à sa famille et ses amis. Le film aurait gagné à explorer un peu plus la relation Vincent/Benjamin qui est clairement reléguée au second plan et ne sert que de catalyseur pour la situation du coming-out et du dépassement de soi.


Pour chaque film gay, j’ajoute une petite note de fin, qui est bien évidemment cachée par une balise SPOILER, afin de vous dire comment, en quelques mots, est la fin : HEUREUSE, 50/50 ou TRISTE. Car personnellement, je suis plutôt amateur de fins joyeuses. Non pas que je n’apprécie pas les drames, mais j’aime bien voir quand même des choses positives de temps en temps. Ainsi, si vous souhaitez voir un film gay qui se termine bien pour voir quelque chose de joyeux, vous aurez le choix de voir comment se termine la fin en dévoilant la balise. Donc à vos risques et périls, ne passez pas votre curseur si vous ne voulez rien savoir !

Comment est la fin ?   Lire la suite

Mon avis sur le film Summer Storm / SommerSturm

Sommersturm

Titre original : SommerSturm
Date de sortie France : 29 Juin 2005
Date de sortie (Allemagne) : 02 Septembre 2004
Réalisé par : Marco Kreuzpaintner
Avec : Robert Stadlober, Kostja Ullmann, Alicja Bachleda-Curus, Hanno Koffler, Tristano Casanova, Miriam Morgenstern, Marlon Kittel
Nationalité(s) : Allemand
Genre(s) : Drame, Romance
Durée : 1h42

Synopsis : Tobi et Achim sont copains depuis des années. L’un barreur, l’autre rameur dans une équipe d’aviron, ils vont disputer la plus grande régate de la région. Lorsque le flirt d’Achim et Sandra devient sérieux, Tobi comprend que ses sentiments pour Achim sont plus que de l’amitié. Arrive alors dans la compétition une équipe de jeunes homosexuels athlétiques qui affichent fièrement leurs tendances. Tobi et ses camarades sont forcés de revoir leurs préjugés, leurs craintes, et leurs secrètes attirances. Au fur et à mesure que la tension monte, une confrontation entre les jeunes gens devient inévitable, en même temps qu’une violente tempête menace d’éclater sur le lac …

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Mon avis : Après avoir vu l’excellent film allemand Free Fall / Freier Fall de Stephan Lacant, qui, comme vous le savez, m’a inspiré pour en écrire une petite suite, j’étais en quête d’un nouveau métrage à me mettre sous la dent, dans la même veine ! C’est après quelques recherches sur l’acteur Hanno Koffler, mon nouveau chouchou, qui jouait Marc Borgmann dans Free Fall, que j’ai entendu parler de Summer Storm / SommerSturm (littéralement Tempête d’Été).

Un film qui fête en 2014 ses dix années d’existence ! Que dire, à part que j’ai littéralement adoré ! C’est véritablement un beau petit film très sympathique, sans aucune prétention. À part celle de nous montrer à quel point nos vies peuvent être chamboulées sur une petite période de temps suite à des événements soudains.

À la lecture du synopsis, je m’attendais vraiment à ce que l’histoire ne tourne qu’autour du duo Tobi / Achim et que ça en devienne lassant, mais au final, pas du tout ! Le film est beaucoup plus large que ça et s’intéresse vraiment à tous les personnages présentés : bien sûr la relation Tobi / Achim, mais aussi leurs flirts respectifs, Sandra et Anke. Chacun se pose de questions sur l’avenir de leurs relations. Il y a aussi Georg, qui voit d’un mauvais oeil l’arrivée des Queer, une équipe d’aviron ouvertement gay. Pourtant, le capitaine de l’équipe, le sexy Malte (joué par Hanno Koffler hé hé) va le chambouler un peu. Ou encore Leo qui va aider Tobi à prendre conscience de son orientation et à l’affirmer. Tous ces personnages mêlés les uns aux autres vont créer des histoires et des retournements inattendus et savoureux !

Le film nous rappellera à tous ces périodes de jeunesse où nous étions avec les amis, où nous nous posions tous tant de questions sur nous-même. Ce moment de l’adolescence où on se cherche, où on ne sait pas vraiment qui on est, ce qui nous attire vraiment. Même si certaines choses nous paraissent évidentes au premier abord (« jamais je ne tomberai amoureux d’un mec/d’une fille »), au fond de nous ce n’est pas aussi simple. On a tous eu au moins des attirances, des pulsions ou une excitation pour l’autre sexe, qu’on soit hétéro ou gay. Seulement certains le nieront en bloc car ils en auront honte.

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La mise en scène du film est très douce, délicate. On est vraiment dans l’instant présent, les émotions, plutôt que dans l’action. La réalisation est accompagnée de superbes musiques composées par Niki Reiser. À cela s’ajoutent des morceaux de divers artistes qui collent parfaitement aux scènes, notamment les excellents groupes américains Nada Surf et VAST. J’ai trouvé que la scène la plus touchante était celle qui réunissait Tobi et Leo dans le refuge, avec le titre Flames de VAST (voir plus bas pour l’écouter).

Concernant la fin, sans rien dévoiler, ouf, elle est bien moins frustrante que Free Fall ! Elle est très naturelle et ne tombe pas dans la romance stupide, et c’est tant mieux. Bref, Summer Storm est un très joli film gay-friendly que je conseille à tous ceux qui veulent passer un doux moment !

Pour finir cette critique, laissez-vous emporter par l’extrême beauté de cette musique de VAST présente dans le film, vous ne le regretterez pas ! Je dois vous avouer quelque chose : cette musique m’a fait pleurer … Et c’est assez rare !